"Le Sujet Groin : tentative de réhabilitation du regard porcin dans un contexte post-agricole"

Dans cette série, le cochon cesse d’être un objet.
Ni marchandise, ni mascotte, il redevient corps, individu, et — peut-être — sujet.
Non pas par anthropomorphisme, mais par retour à l’évidence : le vivant regarde, occupe l’espace, impose sa forme.

Et ce regard-là — brut, boueux, dénué de tout artifice — devient un miroir. Brutal, mais sincère.

Nous observons ici des porcs élevés en plein air, en système dit "bio".
Mais le bio n’est pas le sujet. Le sujet, c’est le corps exposé. L’absence de masque.
Le fait qu’un être vivant puisse exister avec une telle densité dans un monde qui ne lui a jamais demandé d’être beau.

Le choix du noir et blanc n’est pas nostalgique : il est réducteur.
Il ôte la distraction de la couleur pour mieux laisser remonter l’ambiguïté :
S’agit-il de documents ? De portraits ? D’autoportraits déguisés de notre propre espèce ?
Qui regarde qui, ici ?

Chaque image est une invitation à suspendre le jugement, à reconsidérer notre place dans la chaîne — alimentaire, symbolique, sociale.
Le cochon n’est plus à la marge. Il est au centre.
Il incarne une altérité si familière qu’elle devient troublante.

Et s’il riait de nous, intérieurement ?
C’est une hypothèse.

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